Zoilreb arrive...

A l’affut dans la ville qu’il tentait d’apprivoiser, Matthias aperçut l’ombre filiforme s’écrouler. Une femme en détresse, rien de tel pour le divertir.
Premier sur les lieux il se pencha sur elle, fabriquant un peu d’ombre sur son visage. Doucement il tapota la joue pour la réveiller mais la crise d’inanition était vraisemblablement sévère.
Par réflexe Matthias chercha du regard l’un des médecins qui l’accompagnait depuis longtemps. Mais ils n’étaient plus en campement nomade et la ville était grande.

Il émit un bref et perçant sifflement pour alerter Caleb qui devait être non loin après avoir ouvert les portes ou n’importe qui d’autre à portée.


« Hep ! A moi la medecine ! Herr Doktor ? »


En attendant il estima qu’il faudrait la mettre dans un endroit plus abrité. Ne sachant pas s’il existait une infirmerie, le jeune homme ramassa Zoilreb et commença à se diriger vers le bar. A voix basse il lui parla :


« Hey, la belle au bois dormant, c’est pas le moment de sombrer, ça va être l’heure de la pause hydratation. Accroches-toi un peu.

Réveillée depuis peu par sa fille qui avait réclamé sa pitance, Onze déambulait dans les rues de Twitter, pieds nus, les cheveux en bataille et l'esprit encore légèrement endormi... Elle tomba sur Matthias et jetant un oeil sur Zoilreb, elle lui lança :

T'as d'jà trouvé un nouveau jouet ? L'a trop bu la p'tite dame ?

Un baillement l'interrompit. Après s'être frotté les yeux, elle observa Zoilreb...

Hum... L'a pas l'air en forme... Tu veux d'l'aide ?

L’un des gardes lui ayant signalé la présence d’une jeune femme en piteux état à la porte, Caleb avait ordonné que l’on la fasse entrer...le temps qu’il se rende sur place, deux Affranchis étaient en train de s’occuper d’elle…

Les sourcils froncés, Caleb arrive d’un pas rapide vers Matthias…

Comment va-t-elle ?

A Onze, le jeune homme répondit en riant:


"Ouais, j'suis l'Saint patron des alcooliques anonymes. Viens avec moi on va lui trouver de l'eau"


Ils étaient presque rendus au bar lorsque Caleb fondit sur eux. Toujours pas de médecin à l'horizon.


"Bah comme une nana évanouie on dirait. Trouve lui un médecin, chef."


Arrivé dans le bar ombragé et très relativement frais, Matthias laissa tomber Zoilreb sur une des tables. Il était temps qu'il la pose, porter un corps mort n'était pas exactement un exercice d'une facilité banale. Attendant qu'Onze apporte l'eau et qu'un médecin débarque, le jeune homme se pencha à nouveau sur l'évanouie.


"Hééééééé princesse ? C'est l'heure du réveil et du p'tit déj'. Regarde moi, miss."

Onze s'éclipsa rapidement. Rien de plus facile pour elle que de trouver de l'eau, elle faisait ça presque tous les jours... Une fois à l'extérieur du bar, la jeune femme regarda à droite et à gauche, tentant de s'orienter dans les méandres des rues. Elle finit par retrouver le bâtiment dans lequel elle avait entreposé la veille plusieurs gourdes d'eau, s'en empara de quelques unes et retourna vivement auprès de Matthias et Zoilreb.

Tiens, fais la boire. Faudrait peut-être lui en verser un peu sur l'visage.

Une forte envie d'asperger la jeune évanouie la saisit, mais elle s'abstint, se disant que le moment était sans doute mal venu...

John était assit au comptoir buvant, une fois n'est pas coutume, un jus d'orange.

Quand le groupe entra il se retourna sur sa chaise et les regarda s'affairer les yeux écarquillés et le bout de sa paille dans la bouche.

L'a pas l'air en forme dis donc !

Après avoir entendu la jeune femme réclamer à boire, Caleb semble se détendre un peu…il soupire…

Un classique coup de chaleur comme nous en voyons très souvent…certains réfugiés et parfois mêmes des nomades en détresse, puissent dans leurs dernières forces pour finir d’arriver au lieu de nous demander de les ravitailler…

Mettez-là au frais et réhydratez-là…et si elle a du mal à respirer, courez chercher un toubib à l’infirmerie près du jardin médicinal…

Puis Caleb repart en direction de la vigie pour discuter avec les gardes en poste…
Et pas trop froide l’eau…

Un peu abasourdie par ce qu'elle venait d'entendre, Onze rattrapa Caleb et l'arrêta en tirant sur sa manche :

Pardon ? J'crois avoir mal compris là. On lui file à boire et c'est tout ? Et si jaaaaaaamais ça va pas mieux, ON va chercher un médecin ?
Non mais attends, on vient d'arriver, on connait quasiment personne, pas encore toutes les rues ni les bâtiments, alors v'là la perte de temps ! Et puis il sera temps qu'elle voit un toubib une fois qu'elle agonisera ! C'est maintenant que quelqu'un doit la voir, pour s'assurer que tout va bien !

Onze soupira. Dans le désert, jamais l'un d'entre eux ne serait resté à l'écart sans être ausculté par Naïma ou Gray...

Caleb regarde la jeune femme et soupire…

J’ai passé pas mal de temps dehors avant de me retrouver à devoir gérer ici…et j’en ai vu un paquet de coups de chaleur…c’est ce qu’elle a…de l’eau, de l’ombre et du repos, elle n’a pas besoin de plus…à la rigueur un cataplasme pour les coups de soleil…

Rien de plus, rien de moins…

Le jeune homme sourit…

Mais si tu es vraiment inquiètes, cherche Kël Tamäsheq sur la palissade…c’est notre principal médecin…il était le guérisseur de son clan de touaregs…il a la sagesse et le savoir de son âge, j’ai beaucoup appris à ses côtés…

Caleb reprend sa marche en direction de la vigie..

Et il te dira lui aussi que c’est un coup de chaleur…

Onze le regarda partir, puis maugréa pour elle-même :

C'est vrai qu'nous on a jamais été dans l'désert... Pfff...

Elle retourna vers Matthias et lâcha avec un haussement d'épaules :

On peut aller chercher Kel J'sais-pas-quoi pour qu'il l'ausculte. Sinon elle peut crever aussi. Ou se démerder toute seule...

Zoilreb sentît l'eau couler doucement dans sa gorge, d'abord la douceur et la fraicheur... puis d'un seul coup une douleur, comme si des milliers d'aiguilles lui transperçaient le palet. Elle ouvrit grand la bouche pour hurler au moment où Matthias lui jetait le reste d'eau au visage. Elle toussât, puis se mis à hurler... Mais très vite la douleur passa... Zoilreb se calma doucement. Et avec les forces qu'elle pouvait y mettre se mis à parler d'une voix rauque.

-Merci... Désolée... hurlement... la douleur... des jours sans boire... Vais mieux... Merci...

Elle resta assise un moment à regarder autour d'elle les gens dont le visage lui était inconnu. Elle était sauvée maintenant et elle le savait. Un sourire se dessina sur son visage.

Matthias sourit gentiment à la femme.


« Salut princesse. Re-bienvenue dans le monde des vivants. On t’aurait bien mis dans un endroit plus adéquat mais on vient d’arriver aussi, j’sais pas où est l’infirmerie.

Je m’appelle Matthias. Là t’as Onze heures trente et John the Herdsman.
On connait de bons médecins en lesquels j’ai une entière confiance, si tu te sens mal ou si tu veux être examinée.
Tu veux encore un peu d’eau ? »


Après avoir désigné ces deux compagnons d’un geste de là main, le jeune homme lui avait tendu une gourde.

Zoilreb sourit, prenant un peu de temps pour reprendre son souffle.

Merci de votre aide. Moi c'est Zoilreb. Bien contente de trouver du monde. J'ai bien cru que j'allais y passer cette fois ci. Va vraiment falloir que je trouve des compagnons de route pour la suite. Vous êtes là pour quoi vous?

Zoilreb prit la gourde et bu doucement, petites gorgées par petites gorgées.

Matthias s'assit confortablement pour tailler la discussion, posant les pieds sur la table.
Ouvert et volubile.


"Nous sommes venus à quelques uns depuis l'Est pour voir la mer. Maintenant que c'est chose faite chacun va aller vers le but qui lui convient. Tu trouveras sans doute des compagnons de route. Moi, déjà peut être... Un tas de monde aime être nomade.

C'est où "la suite" ?"

Zoilreb semble hésiter quelques instant.

Heu je suis nomade, donc la suite c'est là où mes pieds me porteront. Je n'ai pas chemin préétablis je me contente de suivre mon instinct et pour l'instant je suis encore en vie. Je pense que ça ira encore mieux si je trouve du monde pour m'accompagner et qui sait peut être qu'on pourra enfin voir un vrai groupe de nomade dans les plaines.

Un vrai groupe de nomade... les faux nomades montrez-vous !

Zoilreb sourit

- T'es nomades? Une vraie? Dis moi, t'es là depuis quand?

-moi j'suis nomade ou sédentaire, enfin j'suis là où mes deux pieds sont par terre !
ça c'est sur, que j'suis pas loin d'mes pieds...

Zoilreb se trouna vers la nouvelle arrivante.

- Le prend pas mal, quand je parle de vrais nomades, c'est simplement que j'ai l'impression que beaucoup de groupe qui se disent nomades passent beaucoup de temps dans des communautés, j'en ai vu qui y restaient des années, et qui un jour repartaient sans raison en disant "ben quoi je suis un nomade moi, je vais pas rester longtemps dans une communauté." C'est de ces faux nomades là dont je parlais, pas de ce qui passe juste une lune ou deux pour ravitailler et faire du commerce avant de reprendre la route. Doù ma question à ceux qui disent nous on est des vrais nomades...
Vous êtes là depuis combien de temps?

John qui n'avait pas tout suivit, posa son jus d'orange sur le comptoir.

Il regarda Naïma s'énerver, apparemment sans raison, se disant qu'elle avait surement attrapés les Ragnagnas dont il avait tant entendu parler.

C'est quoi un nomade ?